La Patrouille Nocturne

La Première garde.

''Atchaaaaaaaa!''

Une jeune femme laissa entendre que le froid de la nuit avait eut raison de sa santé, une semaine foutue en l'air en même pas deux heures de services. Elle fut excusée par un autre collège en armure, puis par les trois autres. Tous venaient de débarquer à Zhou, la capitale impériale, il y a quelques jours. Chacun ayant été proposés par leurs supérieurs dans leurs ville natale pour affecter les rangs de l'élite, la Garde Royale. Cela avait l'air si excitant et gratifiant au début, mais dans le fond, tous savaient ce qui les attendait au bout du chemin: des patrouilles à n'en plus finir, des postes d'observations inconfortables, rester debout toute une journée regarder le soleil se profiler dans le ciel. La seule chose qu'ils trouvaient de Royale à ce corps armé c'était bien le fait d'exercer ses fonctions au palais, jouir d'un meilleur salaire, et de pouvoir vivre plus décemment auprès de la famille impériale qu'ils avaient pour ordre de protéger. Bien évidemment, les premiers mois seront plus difficiles, ces jeunes recrues ne sont que des larbins pour les anciens, il fallait encore qu'ils fassent leur preuve. A l'unisson, depuis la muraille du palais, tous soupirèrent. Encore une longue nuit, chiante et pénible au possible, se profilait. La moins silencieuse mais aussi la plus mal en point commença à claquer des dents. Une grande cape rouge et épaisse lui fut jeté sur les épaules. Elle se retourna et s'exclamant:

''Mao! Tu me sauves la mise!''

Son héros généreux répondit par un large sourire et se tourna vers les autres, tendant une pile de capes identiques.

''Je pense que l'on en aura besoin cette nuit.''

Il fut aussitôt acclamé, et ses frères d'armes se précipitèrent sur ces couvertures chaudes puis reprirent très vite leur poste, avec un sourire non dissimulé. On remercia chaleureusement ce jeune homme de vingt ans qui faisait plus femme qu'autre chose. Mais quand l'on rejoignait la capitale, on faisait preuve d'une plus grande maturité, certes Mao était devenu la mascotte de cette nouvelle génération de gardes, mais pas un instant on lui fit de remarques désobligeantes sur son physique atypique. Et puis, cela aurait été mal vu, chaque génération s'entraide pour survivre aux challenges des anciens, épurant ses jeunes en leur infligeant les pires services. Pas de chances, le garçon de Min Juu et cinq compères héritèrent de la patrouille de nuit au palais pour premier défi, comptant parmi les plus exécrables. Au grand dam des anciens, Mao fut élu leader du groupe, et ses bonnes idées comme le coup des capes chaudes allaient facilité la tâche aux hommes sous ses ordres. Il avait cependant plus de chances que les autres, l'archer en chef avait investit dans un gambison en arrivant ici, une sorte de manteau épais et résistant, qui à défaut de le protéger d'une flèche perdue par ce temps de paix, le tenait au moins au chaud. Les armures étaient légères et identiques pour chacun, tous des archers hors paire ayant hérités de la garde des plus hauts murs intérieur à Zhou, mais aussi du plus grand froid. Mais les capes chaudes faisaient déjà leur effet, ils commençaient même à apprécier le fait de contempler les rues lumineuses de la citée. Mao s'approcha de la seule femme du groupe, lui demandant si elle allait mieux à présent.

''Oui, grâce à toi- Je veux dire à vous, Sergent Quan-
- Il n'est pas nécessaire de me vouvoyer, on reste potes après tout.
- Je- Bien, merci pour la cape en tout cas, elle me garde au chaud.
- Confortables qui plus est, la nuit sera moins pénibles messieurs et madame!''

Et il semblait avoir raison, les archers à l'épreuve pouvaient à présent voir un autre groupe passer en dessous, tous frigorifiés. Mao fut appelé par un de ses hommes qui désigna la marche pénible de la troupe dont ils connaissaient les visages. Dans son élan de gentillesse, ce dernier leur fila l'astuce des capes qu'ils pourraient trouver dans la réserve des vétérans, il en profita même pour leur jeter la clé. Le voyant faire, son collègue lui demanda:

''Comment as-tu eut cette clé?
- Un petit tour de passe-passe avec mon mentor, répondit-il en riant.
- Ton jeu à boire d'hier soir?''

Mao se contenta de regarder ailleurs en riant, rire qui fut reprit par son ami, puis le reste du groupe qui avait entendu. Cet androgyne avait donné le ton, cette nouvelle génération n'allait pas se laisser faire. Mêlant astuce et assiduité au travail, ils espéraient tous donner la meilleur image de la Garde Royale.

Une heure passa, et personne n'avait abandonner, loin de là, limite si personne ne voulait que la nuit se termine. Les archers effectuaient leur tour sans broncher, se racontant des petites blagues sans trop en abuser, réchauffés par leur vêtements. Mao pouvait assistait à un parfait travail d'équipe de la part de son petit groupe, il accorda même des petites pauses d'une dizaine de minutes chacun leur tour, afin d'avoir des hommes frais et disponibles tout le temps. Rien n'échappait à leur vue, ils s'ennuyaient même un peu qu'ils annonçaient aux patrouilles de rue où se trouvaient les lieux de combat d'ivrogne dans presque toute la ville. Un petit message envoyé par rapace ou par une flèche adroitement tirée permettaient la résolution de ces petits problèmes. Le leader aux cheveux longs s'approcha des murs pour mieux contempler la ville, mine de rien, même avec quelques difficultés, Zhou allait finir par se faire apprécier. Et Mao pensa en fermant les yeux, qu'il réalisait au fond de lui l'un de ses rêves, faire réellement partie de la Garde Royale.

-"Ah... Quelle journée..."

-"Je passerai l'éponge cette fois-ci, dites à votre ami de s'entrainer davantage avec son arc. Et restez sérieux quand vous protégez ces murs."

-"Soldats, gardez mon sabre et mon armure et passez-moi une de vos capes et un de vos sabres."

Agitation... Réaction!

Indescriptible sensation glaciale, tel un vent passant sous le pli de vos vêtements, quelque chose se tramait entre ces murs. Quittant sa rêverie passagère, Mao se redressa comme alerté par une voix intérieur. Il avait senti une sorte de pulsion dans l'air, un phénomène étrange et inexplicable. Le calme nocturne se voyait agiter par un grabuge d'abord discret, venant du pied de la muraille du palais impérial. Le noir était si profond que l'on ne distinguait rien de sa position, son groupe était trop en hauteur, ils n'avaient pour ordre que de surveiller les toits. Mais l'instinct du jeune homme le poussait à observer la pénombre en contrebas, près des portes. On pouvait y voir par ci par là quelque flammes, celles des torches des patrouilles. Cependant, une vient à chuter, puis s'éteindre. Attirant l'attention de l'archer qui s'empressa de demander à l'étage inférieur la signification de cette flamme disparu. La réponse fut la même, personne n'en savait rien la première minute, mais il ne fallut pas plus d'une seconde pour dépêcher un détachement de reconnaissance. Mao reprit son poste sur le mur, ignorant les toits un instant, fixant l'encre au pied des murs, une fumée noir si épaisse qu'on ne pouvait voir au travers, et qui, en temps normal, aurait du être éclairée...

Les minutes s'écoulèrent si lentement que le groupe d'archer n'arrivait plus vraiment à tenir en place. Il ne se passait rien autour, seulement cette intrigante extinction de torche. Face à ce silence insupportable, l'androgyne pesta et frappa la roche froide du poing.

''Bon Dieu! Je croyais que les informations filaient au palais! On n'a quand même pas affecté que des recrues pour cette nuit?! Il doit y avoir des vétérans non d'un chien!''

Soudain un tumulte dans son dos, ça s'agitait de plus belle, mais de manière exponentielle. La seule femme sous ses ordres vint lui annoncer qu'un jeune soldat demander à le voir au plus vite. Mao acquiesça et suivit son subalterne d'un soir. Ils quittèrent leur poste pour rejoindre l'intérieur du palais, juste sous les toitures, où une recrue tremblotante, mais tentant de rester digne, l'attendait. A la vue du sergent éphémère, ce dernier ne fit pas preuve de mutisme, nul besoin de le questionner pour qu'il parle.

''Sergent Quan! On a un problème!
- Oui, tu m'as fait quitter mon poste, j'espère que tu as un rapport, sois clair et concis.
- Bien Sergent! On nous rapporte que le palais est prit d'assaut. La porte principal vient de tomber.
- Combien sont-ils? Je n'ai rien entendu, pas une explosion, ni un croisement de fer.
- Là est le problème Sergent Quan, il n'y a qu'un assaillant, ce dernier se contente des poings et semble ne pas vouloir tuer, tout les gardes sont assommés les uns après les autres.
- Si il tuait sans remord, j'aurais pensé à un Fanalis, mais là... Et les vétérans, ne me dit pas qu'ils pioncent?
- Aussi impuissant que le reste de la Garde, on n'arrive pas à le stopper. Il nous faut des directives, des ordres. Le Capitaine de la Garde est hors d'état de nuire, il était à la porte, vous êtes le plus haut gradé en ce moment.
- La poisse...''

L'archer en chef se retourna et réfléchit un instant. Il demanda à la sentinelle de réunir les chefs d'escouades valides au plus vite à la caserne nord. Celui ci approuva et reparti au plus vite avec d'autres coursiers. Lorsque Mao fut seul avec le reste de son groupe, la femme lui demanda.

''Et nous qui pensions finir paisiblement la nuit... Une idée pour gérer cette crise, Mao?
- Pas vraiment, je n'ai pas assez de détail. Mais si cette personne en veut à la famille impériale, pourquoi épargner les gardes et perdre du temps? Je vous le demande... Peut être une diversion, dans ce cas, on serait bien embêté... Rassemblez vous effets, on quitte se poste, direction la caserne nord.''

~~~

Le temps jouait contre eux, aux dernières nouvelles, l'assaillant avait été ralenti dans la cours principale, mais pour combien de temps encore? A la caserne, on fit part à Mao de toute la situation, les effectifs, les méthodes du fauteur de trouble, les hypothèses, etc... La réunion ne dura pas plus de cinq minutes, le plan fut élaboré assez vite, et le Sergent put dispatcher toutes les escouades.

On ne garda qu'un groupe de veilleurs sur deux en poste sur les murs, on craignait une seconde attaque et l'on ne pouvait se permettre de vider la muraille. Toutes les issues ont été bloqués, à l'exception de l'entrée principale du palais, si l'attaquant devait passer, ça serait par là, et nul part ailleurs. La sécurité fut renforcé aux quartiers royaux, et la salle de réception fut transformer en véritable guet-apens pour quiconque oserait s'y aventurer. Des archers dans tout les coins, les boucliers à l'avant pour contenir la progression du belligérant. La disposition était simpliste, fermer toute route et n'en laisser qu'une, bien gardée. Mais les capitaines jugèrent bon de bâtir un plan de secours, au cas où l'assaillant trouverait une autre ouverture. Mao émit l'hypothèse que cette personne connaissait le palais et quelques uns de ses secrets, poster un petit groupe de Gardes Royaux au corridor sept permettrait de bloquer sa progression définitivement.

''Le corridor sept? Sergent Mao, vous pensez sérieusement qu'il puisse connaître se passage dérobé? Hormis la Garde, seule la famille royale est au courant.
- Je me fiche de votre avis, de plus la voie d'accès se fait depuis la cours où il est bloqué, dans le doute nous devons le protéger. Je me chargerais de la surveillance de ce dernier avec mon escouade, ce 'est qu'une ligne droite avec peut d'obstacle, le temps qu'il atteigne le bout il aurait eut le plaisir de gouter à nos flèches.''

~~~

Le dispositif mit en place, ils n'avaient plus qu'à attendre. De toute manière, il n'y avait que deux choix, le plus probable étant la voie principale, mais la protection mit en place assurait une victoire éclatante à la Garde qui, malgré la surprise, put s'organiser. Mais le doute planait sur le corridor sept, un passage secret reliant le niveau des appartement impériaux et l'extérieur. On raconte qu'il n'a été utilisé qu'une fois par la Garde afin de rejoindre les chambres bien avant un groupe d'assassins il y a bien longtemps. Mao observait en silence le petit tunnel qui leur faisait face, quelque chose pouvait en surgir à tout moment. Son groupe se trouvait dans la pièce secrète servant d'entrée, où étaient alignés armes et armures légères, ainsi que des vivres, servant pour une fuite expresse. Il faisait sombre, on y était à l'étroit, mais une archer dans chaque coin pouvait viser la trappe centrale. La porte muraille était scellée, seul Mao en avait la clef, pour sortir, il faudrait lui passer sur le corps, où la réduire en miettes. Les directives avaient été donnés aux autres capitaines, si l'assaillant choisissait la pièce principale, Mao serait averti et son groupe userait du corridor pour arriver dans son dos. Dans le cas contraire, il serait arrêté dans la pièce, retenu pour placer le reste de la Garde aux extrémités du tunnel. Dans l'espoir que l'attaquant n'est pas une idée plus farfelue, chaque homme en arme attendit, en silence, à en entendre chaque battement de coeur...